Morte un 16 juin – Elsa Triolet
Elsa Triolet est la première femme de lettres française à avoir remporté le prix Goncourt. Elle fut aussi la muse et compagne de Louis Aragon pendant plus de 50 ans, jusqu’à la mort de ce dernier en 1982.
Une enfance russe
Elsa Triolet, de son vrai nom Ella Kagan, est née le 12 septembre 1896 à Moscou, de parents juifs. Elle est l’amie de Jakobson, célèbre linguiste russe, et apprend le français très jeune. Elle racontera son enfance dans Fraise des Bois, son premier roman russe, sorti en 1926.
Elle entame des études d’architecture et fréquente des cercles littéraires où elle peut exprimer sa passion pour la poésie, puis quitte la Russie pour Paris en 1918. Là, elle épouse André Triolet, dont elle conservera le nom toute sa vie. Leur mariage dure deux ans, puis elle entame un périple dans toute l’Europe, avant de s’installer à Montmartre en 1924. Elle retranscrira cette période dans son roman Camouflage, en 1928.
La reconnaissance littéraire
À Paris, elle fréquente les artistes et auteurs surréalistes dans les cafés littéraires. Elle y rencontre en 1928 Louis Aragon et ne le quittera plus. Ils se marient en 1939 et entrent ensemble dans la Résistance. Elle va notamment contribuer à la parution des journaux La Drôme en armes et Les Étoiles. Son recueil de nouvelles écrit durant cette période, Le Premier Accroc coûte 200 francs (phrase annonçant le débarquement de Provence), remporte en 1945 le Prix Goncourt 1944. Elle est la première femme à obtenir cette distinction.
Ses romans suivants seront inspirés par la Guerre Froide et le communisme : elle critiquera par exemple le stalinisme dans Le Monument, en 1957. Elle travaille également à valoriser le travail des auteurs russes en traduisant leurs oeuvres en français.
Le 16 juin 1970, Elsa Triolet fait un malaise cardiaque dans sa propriété de Saint-Arnoult-en-Yvelines. Elle y est inhumée aux côtés d’Aragon, dont elle aura partagé la vie pendant 50 ans.
Leur vie aura inspiré un documentaire à Agnès Varda en 1965 : Elsa la rose.