Un faux chien qui meurt pour les étudiants vétérinaires
Le laboratoire américain SynDaver, spécialisé dans la création de tissus synthétiques, a mis au point un chien sur lequel pourraient s’entraîner les étudiants vétérinaires.
Pour une expérience plus vraie que nature
L’idée par d’un constat simple : pour pratiquer, les étudiants en médecine (humaine comme animale) ont besoin de s’exercer sur des modèles réels. Dans un cas, le don du corps à la science permet de régler le problème de l’approvisionnement en matière première. Dans l’autre, cela s’avère plus compliqué.
Pour pouvoir s’entraîner aux pratiques chirurgicales, il est d’usage aux États-Unis d’avoir recours à des animaux issus de refuges, qui sont euthanasiés à la fin de l’opération. Inacceptable, pour SynDaver Lab, qui propose désormais une alternative avec un chien synthétique ultra réaliste. Tout y est : le coeur qui bat, le système respiratoire et le sang. Tout… sauf les poils, ce qui donne aux prototypes des allures de cadavres écorchés (coucou Ramsay)
Chaque chien (et ses pièces de rechange) coûte près de 30 000 dollars et SynDaver Lab prévoit d’en distribuer gratuitement une vingtaine dans des écoles vétérinaires agréées. Pour réaliser cet objectif, et en assurer la production en masse, le laboratoire a mis en place une campagne de financement participatif sur la plateforme Indiegogo.
Une fausse bonne idée ?
L’entreprise s’est fait connaître avec ses modèles d’anatomie, apparus à la télévision, dans MythBusters comme Grey’s Anatomy. Christopher Sakezles, le PDG, a aussi participé à l’émission de télé-réalité Shark Tank, où des entrepreneurs sont amenés à proposer leurs innovations à des investisseurs. La couverture médiatique de SynDaver Lab ne devrait donc pas poser de problème majeur.
Seulement voilà, l’objectif requis par SynDaver Lab est de … 24 millions de dollars, ce qui est une somme plutôt conséquente pour des chiens en plastique améliorés. Avec seulement 11 000 dollars récoltés pour le moment, et même si les fonds seront versés dans tous les cas, échec ou non, la campagne semble bien mal engagée.
Par ailleurs, l’argument principal utilisé par le laboratoire fait un peu grincer des dents. Pour le Docteur Daniel Fletcher de l’Université de Cornell, l’enseignement vétérinaire a, pour la grande majorité, cessé depuis longtemps de pratiquer sur des animaux vivants. Les étudiants s’entraînent soit sur des chiens ou chats déjà morts, ou s’instruisent via des stages en cliniques.
Dès lors, on peut s’interroger sur le véritable objectif de la campagne de SynDaver Lab : compassion pour nos compagnons à quatre pattes ou simple coup marketing ? Il vous reste 2 mois pour faire votre choix !