De la peau humaine utilisée pour la reliure
Au 19ème siècle, de la peau humaine, souvent celles des criminels ayant été exécutés pouvait être utilisée pour relier des livres.
La bibliopégie anthropodermique
La bibliopégie anthropodermique est le nom officiel de la pratique qui consiste à relier des livres avec de la peau humaine. La date exacte des premières traces de cette pratique est inconnue. Pour certains experts, la première œuvre fabriquée grâce à cette technique étonnante serait une Bible reliée au 18ème siècle en France. Pour d’autres, la bibliopégie anthropodermique daterait du 17ème siècle lorsque le roi d’Angleterre aurait ordonné que la peau d’un traître, Henry Garnet, soit utilisée pour recouvrir le livre racontant ses actes.
Les experts peuvent reconnaître du cuir humain grâce aux pores. En effet, même si le tannage détruit une partie de l’ADN, la peau humaine possède des pores beaucoup plus visibles que la peau animale. Il y a peu de temps, il a été révélé qu’un ouvrage de la bibliothèque d’Harvard avait été relié avec de la peau humaine, celle d’une femme décédée d’une crise cardiaque au 19ème siècle. Il s’agit de Des Destinées de l’âme, de l’auteur français Arsène Houssaye,
La plupart du temps, c’est la peau des personnes exécutées qui est utilisée. En effet, dans certaines affaires de criminalité, la peine capitale, soit l’exécution, n’était pas jugée suffisante selon la justice. À la mort des accusés, leur corps était donc donné à la science afin d’être disséqué. Certains morceaux de peau humaine étaient alors utilisés par les tanneurs pour de la reliure.
Des histoires de criminels
John Horwood
Au début du 19 ème, John Horwood est reconnu coupable de l’assassinat d’Eliza Balsom, une femme dont il était éperdument amoureux (même s’il n’a pas hésité à lui jeter de l’acide sulfurique et une pierre lorsqu’il l’a vue avec un autre homme). En 1821, alors qu’il n’est âgé que de 18 ans, il est pendu.
Ses amis ont tenté de récupérer son corps mais le Dr Richard Smith a décidé de le donner à la science. Sa peau sera utilisée pour relier le livre retraçant l’histoire de l’assassinat, de son procès, son exécution et sa dissection.
William Burke
Avec son complice W. Hare, William Burke est accusé d’avoir tué 17 personnes entre novembre 1827 et octobre 1828. Les deux hommes avaient organisé un trafic de cadavres qu’ils revendaient à la médecine pour l’étude et l’enseignement de l’anatomie dans les écoles. Lorsque la justice s’est rendu compte de la supercherie, Hare a témoigné contre Burke qui a été condamné à mort. Son corps a été disséqué par le professeur Alexander Monro, face à des centaines d’étudiants en médecine et des milliers de personnes venues voir la scène. Monro a écrit : « Ceci est écrit avec le sang de William Burke, qui a été pendu à Edimbourg. Le sang vient de sa tête ». Son squelette et des parties de peaux tannées sont exposés au Surgeons’ Hall museum.
Les tanneries de peau humaine
Pendant la Révolution Française, plusieurs tanneries de peau humaine ont ouvert leurs portes, notamment pour disséquer les contre-révolutionnaires. La plupart du temps, il s’agissait de Vendéens tués lors de la Guerre de Vendée. En 1793, au Pont de Cé, près d’Angers, 32 corps humains ont été utilisés pour fabriquer du cuir.
Saint-Just, un homme politique de l’époque guillotiné aux côtés de Robespierre, raconte naturellement dans un rapport du 14 août 1793 à la Commission des moyens extraordinaires : « On tanne à Meudon la peau humaine. La peau qui provient d’hommes est d’une consistance et d’une bonté supérieure à celle du chamois. Celle des sujets féminins est plus souple mais elle présente moins de solidité. »
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Crédit photo : crimefeed