Sophie Calle, quand l’art s’invite au cimetière
Dans le cadre du 150e anniversaire du Service des pompes funèbres, cimetières et crématoire, la Ville de Genève accueille l’exposition Open End, du 16 septembre au 30 novembre 2016, au cimetière des Rois. Sophie Calle fait partie des artistes invités à se produire.
Une artiste pour qui le funèbre est très présent dans ses oeuvres
Cette exposition est une initiative de Vincent Du Bois, qui a remarqué que les cimetières étaient souvent des lieux abandonnés, avec de moins en moins de visiteurs. Pour y ramener un peu de vie il invite 16 artistes contemporains à y exposer leurs oeuvres. Sophie Calle en fait partie. Cette artiste est connue pour chercher à créer des passerelles entre l’art et la vie. En 1979, elle avait demandé à des inconnus de venir passer un certain nombre d’heures dans son lit afin que celui-ci soit occupé sans discontinuer huit jours durant, en acceptant d’être photographiés et de répondre à quelques questions. Récemment, elle a publié des photos de sa mère en train de mourir . Elle a fait de sa vie une oeuvre continuellement mise en scène.
Sophie explique :
Mes toutes premières photos, je les ai faites dans un cimetière au Guatemala, avec un appareil qu’on m’avait prêté. Ensuite, mes premiers clichés professionnels, ceux qui m’ont fait penser que j’allais peut-être devenir photographe, c’était dans un cimetière en Californie, en photographiant des pierres sur lesquelles étaient inscrits des mots comme ‘Father’, ‘Mother’, ‘Brother’, ‘Sister’. De plus, la mort traverse beaucoup mon travail. De ces tombes en Californie jusqu’à ma dernière exposition importante, et qui concerne la mort de ma mère que j’ai filmée, ainsi que tout ce qui a entouré ses funérailles, son corps dans le cercueil, sa pierre tombale.
Une oeuvre délicate, silencieuse, qui se fond dans le décor
L’œuvre qu’elle expose au cimetière se rapproche aussi de thèmes de ses dernières oeuvres : le secret et la confession. Il s’agit d’une sépulture vide avec une fente sur la pierre tombale. Les passants peuvent y glisser des messages que l’artiste s’engage à ne jamais divulger. L’exposition funéraire a beau ne durer que jusqu’au 30 novembre, la tombe de Sophie restera un peu plus longtemps, la concession ayant été enregistrée pour 20 ans.
Les cimetières sont des lieux qui me sont proches. J’ai parcouru celui de Montparnasse dans le ventre de ma mère, car nous n’avons pas beaucoup de parcs à Paris et que c’était son lieu de promenade. Ensuite, je l’ai traversé quatre fois par jour quand je me rendais à l’école. J’y ai eu des rêveries, ce n’était pas un lieu dramatique à mes yeux. Quand je séjourne dans une ville, je me rends toujours au cimetière, parce que j’ai l’impression de la comprendre un peu mieux ainsi.