Ils racontent leur premier mort au travail
Ils côtoient la mort au quotidien pour leur travail. Dans un article, le magazine Les Inrocks leur a demandé de raconter leur première fois face à un cadavre. Poignants, les témoignages révèlent des personnalités fortes aux parcours très riches.
Ceux qui travaillent avec les morts
Frédéric est thanatopracteur, Christelle est médecin légiste et Sylvie travaille dans la police scientifique. À eux trois, ils incarnent des rapports à la mort très différents.
Pour Frédéric, ancien coiffeur, sa vocation lui vient de son beau-père : à eux deux, ils prennent soin d’une vieille femme. Les deux hommes la lavent, lui injectent des soins de conservation puis l’habillent, tout cela sans que Frédéric ne flanche. Attiré par les métiers rares, le jeune homme prend vite sa décision : adieu les cheveux, bonjour le formol ! Cela fait désormais 18 ans qu’il apporte ses services et prend soin des défunts.
Sylvie et Christelle apportent une vision plus scientifique de la mort : la première se déplace à sa rencontre, sur les lieux de crimes, l’autre la fait venir à elle, à l’Institut médico-légal. Toutes deux soulignent la difficulté de faire face à certains corps en mauvais état, mais apprécient de contribuer à un monde plus juste grâce à leur expertise. Le plus dur ? Les enfants : quand ils faut les avertir, ou quand ils sont les victimes, cela touche une corde trop sensible chez ces professionnelles de l’enquête.
Ceux qui les voient de temps en temps
Marc* est conducteur de métro à Paris, mais avant cela, il était contrôleur. On dénombre une trentaine de décès par an sur le réseau parisien : le premier vécu par Marc, c’était en 2012. Ainsi qu’il le souligne, les employés de la RATP ont peu de temps pour s’émouvoir dans ces conditions : la priorité est de sécuriser la ligne, en évacuant les passagers et en coupant le courant. Si Marc s’est surpris par son sang-froid sur les lieux, il ne manque pas de faire remarquer que, le soir, les images restent…
Erwan* a affronté l’horreur dès sa première intervention pour le Psig (Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie) : un père qui tue ses deux enfants. Là encore, la réactivité prime sur les sentiments : ce n’est pas pour rien que les membres de cette unité spéciale sont triés sur le volet. Si les missions ne tournent pas toujours au drame, Erwan ne fait pas que visualiser la mort : le fait d’intervenir auprès de personnes armées lui fait aussi risquer sa vie.
*Marc et Erwan sont des noms d’emprunt
Ceux qui aident à rester vivant
Malgré leur volonté d’aider les gens à survivre, Chantal, infirmière, et Pascal, réanimateur, n’ont pas toujours la possibilité de voir leur souhait exaucé.
Pour Chantal, son premier mort était un enfant. Alors en pédiatrie, elle est confrontée avec brutalité avec une des réalités tragiques de son métier. Cela ne l’a pas empêchée de toujours mettre un point d’honneur à être présente pour les derniers moments de ses patients par la suite.
Quant à Pascal, sa première confrontation avec un décès est brutale. Il tentera toute la nuit de sauver un patient, alors même que ce dernier était déjà condamné en arrivant aux urgences. Son échec lui fait remettre en question la capacité de la médecine à faire des miracles : désormais, il se bat pour les battants.
Et vous, avez-vous déjà été confronté à la mort dans votre métier ? Quel enseignement en avez-vous tiré ?
Pour découvrir tous les témoignages en détail, rendez-vous sur l’article de Camille Ferronnière et Jérôme Le Boursicot.