Guérir Alzheimer en consommant des cerveaux humains ?
La tribu des Foré vit en Papouasie-Nouvelle-Guinée et a longtemps pratiqué un rituel funéraire cannibale en consommant notamment la cervelle de leurs défunts. Aujourd’hui, leurs descendants présentent une résistance remarquable aux maladies dégénérescentes du cerveau.
Un rituel sacré mais porteur de risques
Pendant des générations, les Fores ont consommé les restes de leurs morts. Aux femmes et aux enfants les cerveaux, aux hommes le reste du corps. Cette pratique, qui montrait le respect qu’ils avaient pour leurs ancêtres, avait pourtant un revers terrible.
En effet, la consommation de cervelle provoquait dans de nombreux cas une maladie appelée kuru, qui signifie « trembler de peur » en foré. Provoquant des pertes de l’équilibre, des spasmes et parfois la folie chez son porteur, elle entraînait la mort en quelques années. Elle a ainsi pu tuer jusqu’à 2% de la population chaque année.
Avec l’interdiction de ces rituels funéraires dans les années 50, les cas de kuru ont fini par disparaître.
Une résistance génétique accrue face aux maladies du cerveau
Les descendants des Foré cannibales ont en effet développé une forte résistance face aux maladies dites « à prions » : le kuru, bien sûr, mais aussi la maladie de la vache folle ou certains cas de démence. Le prion est une protéine du cerveau et les maladies qui en découlent attaquent le système nerveux : il n’existe aucun traitement à l’heure actuelle.
Une étude récente a cependant réussi à isoler la protéine responsable de cette mutation génétique : en l’implantant dans des souris, les chercheurs ont découvert qu’elles étaient capables de résister à 18 formes de prions. Les maladies à prions sont plutôt rares, en revanche elles présentent des similitudes avec d’autres maladies cérébrales qui le sont moins, Alzheimer et Parkinson.
Les neurologues qui ont conduit l’expérience espèrent, en étudiant le fonctionnement de cette protéine protectrice, pouvoir comprendre les méchanismes de ces maladies dégénératives et, qui sait, un jour, combattre leurs effets.