Au Japon, un hôtel pour les morts
À Osaka, au Japon, un hôtel permet depuis 10 ans d’accueillir des défunts en attendant leur crémation. Cette initiative répond à un besoin de plus en plus présent pour les Japonais de réinventer l’industrie funéraire.
Un concept mortel
L’hôtel Relation se trouve à Osaka : de l’extérieur, rien ne le distingue du voisinage. Pour des touristes, il n’est pas très attirant, ce qui tombe plutôt bien.
En effet, les clients de cet hôtel plutôt spécial sont loin d’être intéressés par le décor ou l’ambiance : les six chambres de l’hôtel sont destinées à accueillir des cadavres.
Il ne s’agit pas d’un mauvais scénario de série Z : avec 1,2 millions de décès en 2014, le Japon rencontre un besoin de plus en plus pressant en matière d’offre funéraire. Cet « hôtel des morts » fait partie des démarches visant à soulager le marché, et les familles : il permet d’offrir un hébergement temporaire aux défunts en attendant de leur faire rejoindre leur dernière demeure.
Salon funéraire et plus si affinités
Au Japon, plus de 99% de la population choisit la crémation. C’est le taux le plus élevé au monde. Le manque de place croissant pour les vivants oblige à faire des concessions pour les morts. Très peu d’inhumations, donc, et une file d’attente exponentielle pour le crématorium.
À première vue, l’idée d’une pièce dédiée à un mort ne paraît pas vraiment surprenante : le même concept existe en France avec les funérariums. Cependant, l’hôtel Relation, géré depuis dix ans par Yoshihiro Yurisu, permet aussi aux proches de dormir sur place et de regarder la télévision.
Pour le propriétaire, la proximité avec le défunt fait partie du processus de deuil : ses contemporains semblent le rejoindre sur ce point puisque les chambres ne désemplissent pas depuis l’ouverture de l’hôtel. Certains de ses clients ont pu rester pendant trois semaines dans l’attente d’une crémation.
Du coup, Yoshihiro Yurisu en a profité pour élargir ses activités : il propose désormais des cérémonies à bas coût dans son hôtel. Comme les funérailles au Japon sont parmi les plus chères du monde (dix fois plus chères même qu’en Angleterre), nul doute que l’initiative saura séduire de plus en plus de familles.