Trop pauvres pour mourir
L’assureur britannique Sunlife a réalisé une étude sur le coût de la mort au Royaume-Uni. Son constat est sans appel : les frais d’obsèques ont augmenté de 11% en 2014 quand les aides accordées par l’État ont drastiquement baissé. Conséquences : de moins en moins de personnes ont les moyens de payer des funérailles à leurs proches sans s’endetter sur le long terme.
Des difficultés pour payer des funérailles
L’étude Sunlife le montre : les aides sont passées de 405 millions d’euros en 2010 à 102 millions d’euros en 2014. En parallèle à cela, le coût d’un décès revient à environ 11 000€ au Royaume-Uni, avec des variations d’environ 15% selon les régions concernées. Entre le choix du cercueil, les services funéraires et le recours à un professionnel pour gérer l’héritage, les frais sont vite extrêmement élevés.
Dans un pays où le coût de la mort augmente sept fois plus vite que le coût de la vie, il est normal que les demandes pour obtenir un soutien financier soient de plus en plus fréquentes. Cependant, les demandeurs sont régulièrement déboutés : certains types de contrat de travail par exemple, ne permettent pas de bénéficier d’une aide, quelle que soit la précarité des personnes concernées.
Les difficultés financières sont d’autant plus problématiques qu’il n’existe pas de solution alternative pour gérer un défunt, à moins de pouvoir conserver un cadavre dans son frigo : le passage par une agence de pompes funèbres, donc le recours à un service payant, est obligatoire.
Un chantage affectif pénalisant
Dans le cas où le défunt n’aurait pas anticipé son décès avec un contrat obsèques, les familles se trouvent bien vite confrontées au choix douloureux des éléments des funérailles. En cas de soucis financiers, la tentation est alors grande d’économiser sur certaines prestations.
Certains agences, selon des témoignages recensés par Sunlife, n’hésitent pas alors à suggérer des services censés rendre un meilleur hommage au défunt ou lui accorder ce qu’il mérite le mieux. À côté de cela, les devis restent volontairement obscurs, profitant du tabou autour de l’argent et la mort. Qui n’aurait pas peur de passer pour un radin à l’enterrement d’un de ses proches ?
Pour tenter d’endiguer le problème, une association britannique a mis en ligne une charte que les directeurs de pompes funèbres peuvent signer. Cette charte les engage notamment à proposer à leur clientèle des tarifs abordables, au lieu d’opter directement pour les prestations les plus élevées, et à être transparents sur leurs prix en toute circonstance.
Et en France ?
Une enquête UFC-Que Choisir menée en 2014 a montré que le coût moyen des obsèques en France était de 3 350€ environ. Pour l’heure, le pays est encore loin derrière sa cousine d’outre-Manche.
Par ailleurs, les pompes funèbres sont depuis 2010 dans l’obligation de fournir un devis transparent et à modèle unique sur leurs prestations. La demande de devis est gratuite, ce qui facilite les comparaisons entre les opérateurs funéraires.
Des offres low-cost commencent aussi à fleurir, avec des offres de base identiques pour tous. Toutefois, les agences classiques se font aussi un devoir de fournir des offres personnalisées à la portée de toutes les bourses.
Enfin, pour les personnes n’ayant aucun revenu, la commune peut prendre en charge les frais d’obsèques. Le défunt sera alors inhumé dans le carré dit « des indigents » pour une durée de 5 ans, après quoi, ses restes seront déposés à l’ossuaire.
Le conseil qu’on peut en tirer : faites un devis obsèques, cela évitera bien des tracas à vos successeurs !