Tentative de coup d’Etat en Turquie : 308 morts, 1400 blessés, 7000 gardes à vue
Dans la nuit de vendredi à samedi, une partie de l’armée turque s’est soulevée pour tenter de renverser le Président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan. Le coup d’Etat a échoué.
308 morts
Vendredi soir, vers 21h45, l’agence de presse Reuters a lancé une alerte : des avions et des hélicoptères militaires survolaient à une hauteur anormalement basse Ankara, la capitale de la Turquie. Quelques minutes plus tard, la chaîne de télévision NTV a annoncé que le pont du Bosphore illuminé aux couleurs de la France en hommage aux attentats du 14 juillet avait été bloqué dans le sens Asie-Europe par des forces de police. Puis des coups de feu ont été entendus dans le centre d’Ankara.
En 10 minutes, la tentative de coup d’Etat avait débuté. Ankara et Istanbul sont occupées, des chars remplissent les rues.
Immédiatement le chef du gouvernement Binali Yildirim s’est exprimé au micro de NTV : «Certains individus ont entrepris une action illégale sans l’aval de la chaîne de commandement. Le gouvernement élu par le peuple reste en fonction. Ce gouvernement ne partira que lorsque le peuple lui dira de le faire». Ces militaires qui ont tenté de se révolter payeront « le prix le plus élevé » a annoncé le Premier ministre.
L’armée prend le pouvoir
Les militaires ont agi contre la politique de plus en plus sévère du Président. En effet, depuis quelques années, le Gouvernement turc a fait reculer la liberté d’expression et la laïcité, initialement promises par Erdogan.
Quant à l’égalité entre les hommes et les femmes, la réponse d’Erdogan est simple : «Les deux sexes ne pouvaient pas être traités de la même façon parce que c’est contre la nature humaine».
« Le respect des droits de l’homme s’est détérioré à une vitesse alarmante ces derniers mois dans le contexte de la lutte contre le terrorisme en Turquie », avait même déclaré Nils Muižnieks, Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe lors d’une visite dans le pays il y a quelques semaines.
Seulement 45 minutes après le début de l’opération, les militaires putschistes annonçaient dans un communiqué publié sur le site de l’état-major avoir pris le pouvoir pour préserver l’ordre démocratique ainsi que les Droits de l’Homme en Turquie.
Anatolie, une agence pro-gouvernementale, a même affirmé que « le général Hulusi Akar, chef d’état-major des armées de Turquie [était] retenu en otage par un groupe de militaires qui [tentaient] un soulèvement ».
Et Recep Tayyip Erdogan ?
Pendant ce temps, le Président de Turquie, Recep Tayyip Erdogan est a priori en vacances à Marmaris.
C’est seulement vers 23h30 qu’il fait une étonnante apparition. Erdogan s’est exprimé via Facetime pour annoncer qu’il était toujours au pouvoir et qu’il rentrait à Ankara. Il a également demandé au peuple de descendre dans la rue pour lutter contre ces militaires putschistes.
« Je ne pense absolument pas que ces putschistes réussiront. » a-t-il conclu pour rassurer le peuple.
De violents affrontements
Le peuple turc est en effet descendu dans la rue suite à l’appel du Président de la République. Des centaines de personnes ont été tuées par les militaires qui tiraient dans la foule.
BREAKING NEWS: Gunfires on Istanbul bridges towards protesters pic.twitter.com/1jpy5hFTHR
— Tancredi Palmeri (@tancredipalmeri) July 15, 2016
Le dernier bilan faisait état de 308 morts et 1 400 blessés.
Le Président a promis une purge contre les putchistes. 7 000 militaires, 755 magistrats et 100 policiers ont été mis en examen et près de 9 000 policiers, gendarmes et fonctionnaires ont été démis de leurs fonctions. Le Gouvernement turc a même parlé de rétablir la peine de mort pour punir « les traîtres« .
L’échec de ce coup d’Etat renforce l’assise du président turc sur toutes oppositions politiques existantes en Turquie, notamment celle de Fethullah Gülen l’ennemi n°1 d’Erdogan, qui est accusé d’avoir orchestré ce putsch. Gülen, qui vit désormais aux Etats-Unis, nie toute implication dans l’organisation de ce coup d’état. «J’ai toujours été contre l’intervention des militaires en politique intérieure» a-t-il affirmé. Affaire à suivre…