Attentat à l’aéroport de Turquie : au moins 36 morts
Hier soir, un nouvel attentat a touché la Turquie. Trois kamikazes ont ouvert le feu dans l’aéroport d’Istanbul puis se sont fait exploser. Au moins 36 morts et 150 blessés sont à déplorer.
Attentat-suicide en Turquie
Hier soir, vers 22 heures, trois kamikazes sont entrés dans l’aéroport Atatürk d’Istanbul. Des explosions ont retenti à l’entrée du terminal des vols internationaux. Les trois hommes ont ensuite ouvert le feu en mitraillant les passagers et les services de sécurité. Après plusieurs minutes, ils ont déclenché leur ceinture d’explosifs. Oftah Mohammed Abdullah, une femme présente lors des attaques parle de l’un des kamikazes : « Il avait une écharpe rose, une veste courte et avait caché un fusil (dessous). Il l’a sorti et a commencé à tirer sur les gens. Il marchait comme un prophète. »
L'arme de l'un des assaillants sur le sol du terminal. Au moins 28 morts à #Atatürk #Istanbul via @ihacomtr pic.twitter.com/sLVj2EK89X
— Guillaume Perrier (@Aufildubosphore) June 28, 2016
Le bilan est déjà lourd mais n’est que provisoire. Les autorités parlent aujourd’hui d’au moins 36 morts et 150 blessés. Une rescapée française a témoigné au micro de RTL: « On a entendu des coups de feu, j’ai pris ma fille et j’ai couru. (…) C’est après, en voyant tout le sang par terre, le toit tombé, les gens qui étaient morts, qu’on se dit qu’on est des morts vivants. Peu importe où on est, on est frappé. »
Le Premier ministre turc s’est rapidement rendu sur place pour visiter les blessés dans un hôpital proche de l’aéroport et leur présenter toutes ses condoléances.
Les vols d’abord suspendus ont peu à peu repris dès 3 heures du matin, heure locale. Certains pays comme l’Iran ont annulé tous les vols en direction de la Turquie. Un événement qui risque encore une fois de faire chuter l’activité touristique du pays.
Un attentat pas encore revendiqué
Pour l’instant, aucun groupe n’a revendiqué cet attentat. Le gouvernement turc privilégie la piste de l’organisation Etat Islamique (EI). Le Président Recep Tayyip Erdogan s’est exprimé dans un communiqué en invitant la communauté internationale à une « lutte commune » contre le terrorisme. « Cette attaque, qui s’est déroulée pendant le mois du ramadan, montre que le terrorisme frappe sans considération de foi ni valeurs. »
Abdullah Agar, expert des affaires de sécurité et de terrorisme s’est exprimé sur CNN Turk. Selon lui, cette thèse est très probable. « Cela ressemble beaucoup à leurs méthodes ».
En effet, les faits sont assez similaires à ceux qui ont touché Paris il y a quelques mois ou ceux survenus dans l’aéroport de Bruxelles en mars dernier.
Pourtant, l’Etat Islamique qui a appelé à des attaques sur le sol turc (peuple de « mécréants » selon l’organisation) n’a pas revendiqué les derniers attentats en Turquie. L’organisation est cependant fortement soupçonnée d’avoir organisé ceux de janvier et de mars qui ont tué des dizaines de touristes.
L’attentat de début juin qui a entraîné la mort de 11 personnes dont 6 policiers avait lui été revendiqué par les rebelles kurdes.
La Turquie, une nouvelle cible
Depuis qu’elle a rejoint la coalition l’été dernier, la Turquie est devenue une cible privilégiée des organisations extrémistes. Sa position géographique, limitrophe de la Syrie, en fait une cible facile pour l’EI. L’année dernière, près de 1 000 soldats membres de Daesh ont été arrêtés sur leur sol.
La Turquie doit également se préoccuper des rebelles kurdes présents dans le sud-est. Souvent attaquée, elle peut compter sur ses alliés tels que la France. Le Président Hollande a exprimé son soutien lors du Conseil Européen consacré au Brexit : «Je veux condamner fermement cet acte abominable, et je veux faire en sorte que nous puissions connaître exactement les auteurs. Je veux faire tout ce qu’il est possible d’engager contre le terrorisme surtout dans cette région ».
L’Express a listé toutes les attaques depuis un an.
- 8 juin 2016: 6 morts dans un attentat à la voiture piégée contre le siège de la police à Midyat (sud-est), revendiqué par les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
- 7 juin 2016: 11 morts, dont six policiers, dans un attentat à la voiture piégée contre un bus de policiers antiémeutes à Beyazit, quartier historique d’Istanbul. L’attaque est revendiquée trois jours après par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK).
- 31 mars 2016: 7 policiers tués et 27 personnes blessées dans un attentat à la voiture piégée à Diyarbakir, principale ville du sud-est à majorité kurde. L’attaque est revendiquée par le YPG, aile militaire du PKK.
- 19 mars 2016: 4 touristes tués à Istanbul et 36 personnes blessées dans un attentat commis par un kamikaze qui se fait exploser sur la célèbre avenue Istiklal. Les autorités turques mettent en cause l’EI.
- 13 mars 2016: 35 morts et plus de 120 blessés dans un attentat à la voiture piégée dans le centre d’Ankara, revendiqué par un groupe radical dissident du PKK, les TAK.
- 17 février 2016: 28 morts et quelque 80 blessés dans l’explosion d’une voiture piégée conduite par un kamikaze en plein coeur d’Ankara. L’attaque, qui visait des véhicules militaires, est revendiquée par les TAK.
- 14 janvier 2016: 6 morts dont un policier et cinq civils dans l’explosion d’une voiture piégée visant le commissariat central de Cina à 30 km deDiyarbakir, revendiquée par le PKK qui s’excuse pour la mort de civils.
- 12 janvier 2016: 12 touristes allemands tués dans un attentat-suicide à Sultanhamet, dans le coeur historique d’Istanbul. L’attaque est attribuée à l’EI par les autorités.
- 10 octobre 2015: 103 morts et plus de 500 blessées dans un double attentat-suicide devant la gare principale d’Ankara lors d’un rassemblement prokurde. Cette attaque, la plus meurtrière jamais survenue sur le sol turc, est attribuée par les autorités à l’EI.
- 20 juillet 2015: 34 morts et une centaine de blessés dans un attentat à Suruç, près de la frontière syrienne, visant de jeunes militants de la cause kurde. Il est attribué à l’EI.