Meritamon, ramenée à la vie 2 000 ans après sa mort
Meritamon (« Bien-aimée d’Amon ») est morte il y a plus de 2 000 ans. L’alliance de la science et de l’art, ainsi que la parfaite préservation de son crâne, ont permis la reconstitution de son visage par l’Université de Melbourne.
Meritamon la mystérieuse
Le crâne momifié de Meritamon était conservé dans l’anonymat depuis plus de 100 ans à l’Université de Melbourne, en Australie. Probablement rapporté par un responsable du département d’anatomie lors de fouilles en Egypte, il était tombé dans l’oubli.
Meritamon a été redécouverte lorsque le Dr Jefferies, inquiet à l’idée que les restes puissent avoir imperceptiblement commencé à s’abîmer, a choisi de les scanner pour une étude en profondeur. L’analyse a révélé que le crâne était en excellente condition de préservation, incitant ainsi les chercheurs à poursuivre leurs recherches.
Ils ont de cette façon appris que la tête appartenait à une femme âgée de 18 à 25 ans, mesurant près d’1m60, qu’ils ont baptisée Meritamon. La période de sa vie reste cependant imprécise : les bandages fins l’entourant peuvent l’assimiler à la période des Pharaons mais le sucre ayant attaqué ses dents aurait pu être apporté en Egypte après le IVe siècle av. J.C. par les armées d’Alexandre.
Des chercheurs aux multiples disciplines ont choisi de redonner son visage à la jeune femme en alliant leurs connaissances de l’Antiquité aux plus récentes découvertes technologiques.
Des données plein la tête
Une analyse des scans a permis de déterminer qu’elle souffrait d’anémie, probablement causée par la malaria, une infection courante dans la région du Nil. L’anémie est perceptible dans la finesse des ossements du crâne, et celui de Meritamon permettait de voir cette pathologie bien plus clairement que sur d’autres sujets d’étude.
Pour en savoir plus sur elle, et notamment les causes de sa mort, il aurait fallu entamer des analyses ADN, trop chères pour le budget de l’Université. En attendant, les chercheurs espèrent pouvoir déterminer grâce à l’étude des tissus le régime alimentaire de Meritamon, et par là la région dans laquelle elle vivait.
Anthropologie et imprimantes 3D
Il aura fallu 140h pour imprimer en 3D le crâne de Meritamon. À partir de cette base, la sculptrice Jennifer Mann, formée à reconstituer des visages dans le cadre d’enquêtes policières, a travaillé à redonner vie à la jeune Égyptienne à l’aide de résine peinte. Pour cela, l’artiste s’est appuyée sur le travail d’égyptologues pour établir la texture et la couleur de la peau de la momie. La coupe de cheveux de Meritamon est quant à elle inspirée de la momie de Rai, conservée au Musée du Caire.
Le résultat est bluffant de réalisme, même si les plus de 2 000 ans nous séparant de la vraie Meritamon ne permettent pas d’obtenir de point de comparaison. Cependant, pour le Dr Varsha Pilbrow, cette prouesse technologique et artistique a d’autres objectifs que l’établissement d’un portrait-robot précis :
[Meritamon] pourra devenir bien plus qu’un objet fascinant exposé au regard des autres. À travers elle, les étudiants seront en mesure d’apprendre à diagnostiquer les pathologies inscrites sur notre anatomie et de quelle manière des groupes entiers de population peuvent être affectés par leur environnement de vie.
Par ailleurs, en rendant son identité à la momie, les chercheurs espèrent aussi se faire un peu pardonner de l’avoir arrachée à son sommeil éternel.
Vidéo de la reconstitution :
Crédit photo : Extrait de la vidéo