Lettonie : entre pillage et préservation des restes de soldats allemands
Des milliers de soldats allemands sont morts en Lettonie pendant la Seconde Guerre Mondiale. Aujourd’hui, leurs cadavres attirent les pilleurs et les collectionneurs.
Un pillage lucratif
Sur Internet, des reliques liées à la Seconde Guerre Mondiale, et particulièrement au nazisme, se vendent cher. De quelques centaines d’euro pour des attributs de soldats (casques, plaques, etc.) à plusieurs centaines de milliers pour des objets liés à des grandes figures de la Shoah comme Hermann Goering ou Josef Mengele.
Dans les pays de l’Est, où les corps de soldats en l’état abondent, cela représente une petite manne financière pour les collectionneurs. Ainsi, une véritable industrie du pillage s’est mise en place en Lettonie, encouragée en cela par des émissions comme Battlefield Recovery. L’émission britannique met en effet en scène un « chasseur d’Histoire » spécialisé dans la revente d’objets historiques, Craig Gottlieb.
Un cauchemar pour les archéologues
Certains de ces revendeurs veillent en effet à offrir aux soldats découverts un lieu de repos digne de ce nom. C’est le cas du groupe Legenda, qui permet d’enterrer de nouveau près de 700 soldats par an.
Talis Esmits, cofondateur du groupe, déclare :
En Lettonie, il est normal de découvrir des soldats morts dans son jardin. Quand les gens sont rentrés chez eux après la guerre, ils ont vu des soldats morts ici et là et les ont enterrés.
Les objets qu’il découvre, à l’exception de quelques-uns qui sont conservés par les collectionneurs, rejoignent alors la Volksbund (Commission d’entretien des sépultures de guerres allemandes).
Legenda a permis l’inhumation de près de 30 000 soldats, qui reposent désormais au cimetière de Saldus, à l’ouest de la Lettonie.
Cependant, même cette initiative déplaît aux archéologues. Pour le professeur Max van der Schriek, Legenda ne vaut pas mieux que de simples pilleurs. Pour lui, le contexte et la disposition des corps permettent aussi une analyse historique des événements. La relocalisation des restes des combattants fait disparaître ces traces, très précieuses pour les chercheurs.
Crédit photos : Reinis Hofmanis / Bloomberg Businessweek